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Jean-Marc Urquidi

Née en 1968, vit et travaille à Nîmes. 
 

Imaginez des masses d’argile si légères qu’elles échappent à la gravité. Imaginez plonger à l’intérieur de leurs corps, les palper, tâtonner et finir par y être englouti tout entier. Cela pourrait être le début d’un récit de science-fiction, dans lequel, mués en agents d’exploration de la matière, nous serions transportés à l’intérieur d’un abdomen rocheux imaginaire. Si l’idée semble se prêter si bien à la fiction, qui est par essence mouvante et évolutive, Jean-Marc Urquidi lui donne pourtant la forme plane de la peinture. Il ne la fige pas pour autant, recourant au flou et à l’impesanteur pour renforcer cette impression de mouvement presque de mutation de la matière. Ainsi, sans réellement en cristalliser les contours, Jean-Marc Urquidi semble aplatir les grumeaux de l’argile sur le papier, lui offrant une précision et une objectivité telle qu’il nous est aisé d’imaginer le pénétrer. Les argiles semblent alors s’élever sans prise avec le réel, défiant la pesanteur telle que nous la connaissons. Les ombres quant à elles semblent coaguler, endurcies par le temps. Son œuvre se propose de servir l’idée d’une transgression de notre rapport à la réalité. Les formes qu’il y figure flirtent d’ailleurs avec l’abstraction, répondant sans doute à la volonté de l’artiste de « sortir de l’anecdotique de la représentation ». Au cœur de la réflexion de Jean-Marc Urquidi, se trouve l’idée de confronter la résistance de l’argile à la volupté du dessin. L’idée de la destruction du temps préside à la conception de son œuvre. Avant de peindre ses figures rocheuses, il façonne des petits blocs d’argile, jusqu’à atteindre des formes ovoïdes à l’aspect organique et vivant qu’il détruit et remodèle. De ce processus, émerge une réflexion sur le cycle perpétuel de matière, sa naissance et sa disparition. Il s’agit dans son travail de mettre en regard le temps minéral face au temps humain, ce dernier étant infiniment bref à l’échelle du rythme géologique. Pour atteindre cette idée, l’artiste fait l’expérience solitaire de l’enfermement dans son atelier, dans la volonté de reconsidérer l’espace clos, et de mettre à distance le réel. C’est ce décentrage qui lui permet d’appréhender les formes du vivant désincarnées du monde qui les entoure. Mélange de flou, de proximité et d’étrangeté, les Argiles levées (2021) de Jean-Marc Urquidi rebattent les cartes du monde terrestre.

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