À travers ses œuvres, Manon Ajorque révèle les souffles vitaux qui animent le monde. Elle s’infiltre dans les courants et accorde ses gestes au rythme de ces flux, frémissants comme le torrent, flottants comme les nuages, ancrés comme la roche. Elle donne matière en faisant vibrer l’air, l’eau, la terre, le feu. Les formes, peintes sur la toile, coupées dans le bois ou sculptées dans le plâtre, s’approchent de l’essentiel, des contours élémentaires de la nature. Leur universalité rapproche alors chaque paysage d’une vision organique ou d’un fragment cosmique, et ces métamorphoses peuvent s’opérer selon la perception de chacun.

 

C’est aussi par les couleurs que l’artiste avive ces courants naturels, dévoilant ainsi une dimension à la fois énergétique et émotionnelle. Certaines couleurs, chargées d’énergie, irradient et s’apprêtent à basculer dans un autre état : l’éclair avant l’évanescence. Les œuvres de l’artiste témoignent de cette impermanence là, du cycle des éléments qui se transforment et qui traversent les espaces. Dans ses peintures, une ligne d’horizon schématise cette frontière subtile où la métamorphose advient, des profondeurs vers les hauteurs, du tangible au vaporeux, du visible à l’invisible. Manon Ajorque éveille les pulsations du monde et les mouvements du vivant qui relient entre eux ces espaces et les font coexister. Une circulation sensible s’installe, portée par ces flux vitaux, qui nous unit nous aussi à cet environnement. Entre l’air et la terre, la vie chemine, s’élève ou s’écoule, mer, rivière, nuage, pluie ou larme - une odyssée.

Texte par Pauline Faivre

 

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