Delphine Moniez
Artiste née en 1986, vit et travaille à Paris.
Plus que la précision du dessin, c’est l’aspect scientifique qui fascine à la découverte du monde de Delphine Moniez. Il peut rappeler celui des planches anatomiques du XIXe siècle, à la différence que les corps qu’elle y dissèque sont terrestres. Paysages carnassiers qui dévorent les atomes de la matière, la trentaine de dessins rassemblés dans l’exposition invite à défier le sens commun, brouillant notre perception de l’espace et du temps. S’il est si difficile de situer les mondes qu’elle y déploie, c’est d’abord parce que l’artiste les désemplit de présence humaine, lui préférant l’illusion d’une Terre rêvée.
À la manière d’une graveuse, Delphine Moniez creuse et incise l’épiderme du papier. Ici, ni scalpel ni couteau, mais un coup de crayon affûté. Plusieurs dessins portent la trace d’une boule minuscule, corps flottant qui pourrait aussi bien renvoyer à la coquille d’un œuf (primitif ?) qu’à celle d’un astre ou d’un ovule flottant. L’artiste joue autour de cette notion de fertilité terrestre : le cordon qui relie certains morceaux de roche pourrait être ombilical, tandis que la grotte – motif récurrent de son œuvre – pourrait être le ventre de la Terre. Anthropomorphisées, ses « tranches de paysage » tiennent plus de l’anatomie d’un paysage mental, traduction intuitive des forces primitives de la roche, qu’à la reproduction d’une réalité.
Rien ici de plausible, de lisse et d’aplati. À la vue de ces paysages fragmentés, quelque chose échappe à la raison : les échelles sont faussées, l’architecture impossible. Les personnages de ce monde sont des formes géométriques insolubles : triangles isocèles, polyèdres de Dürer, solides de Platon se mêlent à l’architecture rocailleuse d’un ailleurs. C’est cet aspect qui donneau travail de Delphine Moniez une dimension toute particulière : au croisement de la géométrie sacrée et de l’organisme vivant, il pousse à s’interroger sur les limites classiques de la perception. Il rappelle aussi le temps long de la géologie, le processus de stratification rocheuse qui se densifie à mesure que le temps s’écoule. Ce que l’artiste nous dit, dans sa tentative de donner forme aux éléments d’un temps primitif, c’est que la roche est une forme vivante, en perpétuelle élaboration. Sa matière circule, elle coule presque, fondue dans des paysages métaphysiques en gestation.
Formation
2011 DNSAP à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris
2008 DNAP à l'Ecole supérieure d'arts de Rueil-Malmaison
Expositions
Expositions Personnelles
2021 Les Maîtres de l'étiquette, La Binouze Paris
2016 Paysage Incertain, La Maison, Exposition de la Grande Masse des Beaux-arts
2011 Souvenirs écrans, Galerie Gauche des Beaux-arts de Paris
Expositions Collectives
2021 NATIVE Vol.1 MINERAL, Commissariat @mg.atmosphere, avec les galeries Faure Beaulieu et Romero Paprocki
2020 Tout va bien , Anatomie de la mélancolie, Nicolas Boulard + artiste invitée : Delphine Moniez, Galerie Anne et Art contemporain
2020 Grafia, Biennale du dessin actuel à Saint-Affrique
2017 Paysages pas si sages, Biennale d'Issy au Musée de la carte à jouer et à la médiathèque
2017 Paysages de l'eau, Abbaye Royale du Moncel
2017 Le 6B dessine son salon
2017 Fais moi un signe, Musée du Palais de l'Archevêché de Aix-en Provence, Association Perspectives